« Notre stratégie a dès le début intégré une composante d'engagement sociétal de l'entreprise et une composante d'accompagnement de nos clients dans leurs enjeux RSE. »
Entreprise française leader mondial en très forte croissance, Bureau Veritas a réalisé 5,6 milliards d’euros de CA en 2022 et emploie aujourd’hui 85 000 collaborateurs dans 140 pays. Notre offre de services s’articule autour de trois métiers : le test, l’inspection et la certification, pour des secteurs variés tels que l’énergie, l’immobilier, les transports ou encore l’industrie.
Me concernant, j’ai rejoint Bureau Veritas il y a près de 40 ans. Ingénieur de formation, j’ai tout d’abord occupé des fonctions techniques dans le secteur de l’immobilier, ma mission était de vérifier la solidité et la sécurité des bâtiments et des infrastructures. Puis, j’ai évolué vers des fonctions de management en prenant la direction des opérations dans différents pays (le Mexique, l’Amérique latine, l’Afrique australe, ou encore la France), avant d’assumer des responsabilités commerciale et marketing. Enfin, il y à 5 ans, j’ai été nommé Directeur du Département « Responsabilité Sociale et Environnemental » de l’entreprise. J’ai eu un parcours qui n’a cessé d’évoluer en m’offrant à chaque fois beaucoup de plaisir à rencontrer des équipes nouvelles et à travailler sur des projets ambitieux et stratégiques.
Depuis sa création, la mission première de Bureau Veritas est d’assurer la protection des personnes et de l’environnement. Même si ce n’était pas formulé ainsi, le sujet de la RSE était profondément lié à notre ADN depuis la création du Groupe.
C’est en travaillant sur les valeurs et la raison d’être de Bureau Veritas, et plus précisément sur le respect de nos collaborateurs et de l’environnement que la RSE s’est imposée. Aujourd’hui, la démarche du Groupe s’inscrit dans le parfait prolongement des services que nous proposons à nos clients.
D’abord la prise de conscience qu’une transformation est nécessaire et que cette démarche s’inscrira dans le temps. Par crainte de voir leur quotidien bouleversé, certaines personnes pouvant avoir tendance à occulter ces deux réalités.
Il faut savoir donner du sens, écouter, répondre aux questions, mesurer, intégrer l’ensemble de la démarche dans nos process. Cela prend du temps lors de la mise en œuvre. Ceci fait, le sujet s’installe et trouve sa place dans les agendas.
Le périmètre de la RSE est quasiment infini. Il importe de bien le circonscrire lors de son lancement, et de prioriser les sujets tout en restant modeste quant aux objectifs à atteindre.
« Définir un cadre simple que les collaborateurs comprennent, auquel ils adhèrent et qui permet de concentrer les efforts sur des actions concrètes, quitte à le faire évoluer ensuite. Cela permet très vite de concentrer les énergies et de parler le même langage. »
Il faut impliquer les différentes parties prenantes internes. La RSE n’est pas une discipline verticale. C'est une responsabilité horizontale. Tous les contributeurs doivent comprendre quels sont leurs rôles respectifs.
Le département RSE coordonne et met toutes ces contributions en musique, les intègre dans une stratégie globale qui répond aux attentes des parties prenantes externes.
Trois étapes majeures doivent être distinguées : acculturer les équipes pour faire émerger la prise de conscience, cadrer le projet pour éviter de s’aventurer sur des terrains contestables ou peu substantielles, et impliquer toutes les directions opérationnelles et fonctionnelles.
M’assurer que les stratégies et politiques environnementales, sociales et de gouvernance sont bien prises en compte dans le projet RSE. La mise en œuvre au niveau des équipes se fait en fonction des caractéristiques des métiers. Lorsque nous déclinons notre ambition RSE dans nos métiers et dans nos pays d’implantation, nous sommes confrontés à des environnements très différents. La nature du service proposé et le lieu où il est apporté ont des caractéristiques différentes d'un pays à un autre. C’est pourquoi la stratégie et les politiques RSE doivent être adaptées pour être mises à la portée de chacune des unités opérationnelles.
« Ce qu'on appelle une Corporate Social Responsability devient une Local Social Responsability. »
Ma mission est de m’assurer que chacun contribue à l’atteinte de l’objectif global du Groupe tout en veillant à ce que la déclinaison dans les opérations se fasse en prenant en compte les spécificités locales.
Notre plan stratégique est établi sur une durée de 5 ans. 19 indicateurs ont été retenus pour suivre ce plan stratégique. Chaque trimestre, les directions présentent leurs résultats RSE. Certains objectifs sont relativement faciles à atteindre, d'autres nécessitent des investissements plus significatifs. Avoir connaissance des difficultés auxquelles les différentes directions sont confrontées est fondamental pour apprécier un résultat à sa juste valeur.
« Ma conviction : demain, la pression sur les entreprises sera conditionnée par la manière dont nous travaillons, plus que par la performance financière. »
On a créé 2 communautés internes. La première est le comité RSE qui regroupe les leaders RSE des directions support, soit une quinzaine de personnes qui travaillent avec moi pour définir les politiques. La deuxième communauté est composée des ambassadeurs RSE qui représentent tous nos métiers et tous nos territoires. Mon obsession était que le projet RSE du Groupe ne soit pas celui du Corporate, mais celui de toutes nos équipes.
En matière de gouvernance, nous avons aussi constitué un comité des parties prenantes externes que je réunis 2 fois par an et qui nous challenge sur nos choix, nos orientations, nos résultats. Les échanges avec ce comité sont toujours d’une très grande richesse. Il nous bouscule et nous conduit à aller plus loin dans notre démarche.
La mobilisation de personnes à qui on demande un surcroit de travail pour suivre la RSE est un vrai sujet.
Il faut leur donner envie de le faire, donc avoir avec eux une relation de confiance. Il faut aussi reconnaître et valoriser leurs contributions. Si ce surcroit de travail s’inscrit dans le temps, il faut alors accepter d’allouer de nouvelles ressources.
La RSE étant un sujet sociétal de (très) long terme, les exigences ne cessent d’être relevées, ce qui nous conduit à revoir objectifs à la hausse et à accélérer nos efforts.
« Plus les années passent et plus c'est facile car notre ambition RSE, bien que rehaussée, est partagée par l’ensemble de nos équipes. »
Oui, à différents égards, en raison de notre raison d'être et de notre métier.
À titre d'exemple, nous réalisons des audits de performance énergétique qui sont la base de la rénovation des bâtiments pour réduire la consommation d’énergie. D’autres services proposés par le Groupe participent à la construction de champs éoliens, ou à la vérification des performances environnementales des produits.
Tous les services associés à la durabilité sont regroupés dans une ligne de services appelée la « GreenLine » qui représente plus de 50 % de nos ventes.
« La RSE, c'est à la fois un engagement d'entreprise, mais aussi des produits et des services qui accompagnent les entreprises dans leur transition environnementale et sociale. »
Il faut cadrer le projet, mobiliser la direction et acculturer les collaborateurs comme nous l’avons évoqué. Ce sont des facteurs clés de réussite. Un autre point important est le partage avec d'autres entreprises, d'autres responsables RSE, afin d’échanger ses idées, d'écouter les différents chemins parcourus. Je le fais encore aujourd'hui très régulièrement.
Ensuite, il faut engager les changements avec détermination, ne pas baisser les bras face à l'opposition et à l'incompréhension, mais trouver les bons arguments et être pédagogue sans remettre en question ses croyances et ses convictions.
Patience et détermination sont les maîtres-mots du responsable RSE.
Je dirais un équilibre à parité entre les enjeux financiers et la responsabilité en matière de durabilité.
« C'est pour demain : une société équilibrée entre responsabilité sociétale et performance financière. »
Ma grande fierté serait de voir Bureau Veritas atteindre cet équilibre. Alors je me dirais que j’ai accompli ma mission.